VIVA DONOSTIA !

Voilà une escapade automnale hautement excitante, et qui laisse toujours un goût de vacances. Passé le rush de l’été, les paseos sur le Boulevard, le soleil couchant sur la Concha, les pintxos sur les comptoirs, expos, monuments et un brin de shopping… San Sebastiàn, une destination pour tout de suite!
Par José Ruiz

UNE VILLE OUVERTE SUR LA MER

Difficile d’identifier l’attrait principal de Donostia, le nom basque de San Sebastiàn. Bien sûr la merveilleuse Concha, emblématique plage de sable au cœur de la cité. Elle est flanquée à l’ouest du mont Igeldo et son parc d’attractions d’un autre temps. Le mont Urgull lui fait face, avec tout en haut le château de la Mota (12e) qui abrite un musée racontant l’histoire tumultueuse de la ville, avec cette statue du Sacré Cœur qui le surplombe. Accessible à pied uniquement (100 m de dénivelé, quand même !), l’ascension requiert la motivation des insatiables. Donostia compte aussi 2 autres plages, celle d’Ondarreta avec ses cabanes alignées face à la mer est la plus familiale. Les sportifs opteront pour la Zurriola, exposée aux vagues, et spot favori des surfeurs que l’on voit gagner le sable en combinaison et la planche sous le bras, depuis les rues du quartier voisin de Gros. C’est là que se dresse le Kursaal, ouvrage singulier, à la fois auditorium et salle de congrés. Il représente l’ambition de Donostia d’héberger des événements mondiaux, comme son Festival International du Film, en septembre. Le quartier de la Vieille Ville, outre ses bars à pintxos, conserve comme vestige ayant survécu à l’incendie du 31 août 1813 la très baroque basilique Sainte Marie (16e), blottie à flanc de rocher. Un peu plus loin, l’église Saint Vincent (15e) est le plus ancien édifice religieux encore debout, tandis que la «jeune» cathédrale du Bon Pasteur (fin 19e) trône en plein centre, au cœur du quartier commerçant. Boutiques de créateurs et enseignes internationales y côtoient des échoppes centenaires comme celle d’Arenzana (« cordes, bouchons et dérivés ! »). La meilleure option pour se loger, si l’on est en voiture, est le réseau Nekatur, l’agrotourisme dans de coquettes fermes à 10 minutes du centre, pour moins de 70€ la nuit.

nekatur.net

SCÈNE D’ART ET DE CULTURE

Le centre de San Sebastiàn rappelle aujourd’hui celui de Bordeaux pendant le chantier du tram. Ici, c’est le métro basque que l’on prolonge, avec une boucle en ville qui poursuit le trajet du Topo, le train qui la relie à Hendaye. Mais tous les bus à destination de Donostia arrivent à la gare routière, à moins de 400 m de la Tabakalera. Cette ancienne manufacture de tabac est aujourd’hui un élégant centre de culture contemporaine. Au 5e étage, la terrasse offre une vue sur la ville, et depuis les sofas du LABe, le restaurant d’application du Basque Culinary Center voisin, on peut se poser pour un café corto et en apprécier le spectacle. Sur les 4 étages inférieurs, activités d’atelier (technologies, cinéma, société) et expositions temporaires demandent une demie journée. L’autre espace culturel recommandable est le Museo San Telmo, à deux pas de l’église San Vicente. On y découvrira ses riches collections, dans les domaines du cinéma, de l’ethnographie, ou simplement des beaux-arts. La galerie ArteUParte dans le quartier de Gros est un important lieu de diffusion artistique et culturel ouvert à l’année aux créateurs locaux. Enfin, la baie de San Sebastiàn est encadrée par deux sculptures géantes d’Eduardo Chillida, dont le fameux Peine del Viento. L’artiste du cru disparu en 2002 laissa derrière lui un corpus considérable rassemblé à Hernani au Chillida Leku. Quelques 40 sculptures s’y intégrent au paysage dans un vaste parc planté d’arbres pluricentenaires.

tabakalera.eus

santelmomiseoa.eus

museochillidaleku.com

CAPITALE GASTRONOMIQUE

En s’enfonçant dans les ruelles perpendiculaires du Casco Viejo, le quartier ancien près du port, on mesure l’ampleur de la diversité gourmande de la ville. C’est un assemblage de bars à pintxos et de jatetxeas où se bousculent les touristes du monde entier. Du 1er janvier au 31 décembre, on y bat le pavé en quête de calamares, de croquetas, mais aussi d’assiettes plus élaborées. Leur aspect aguichant ne doit pas faire oublier qu’elles sont bien souvent livrées au petit matin par palettes venant de laboratoires industriels en périphérie… Le gourmet avisé à la recherche de productions plus artisanales se montrera attentif.
Et certaines maisons ont leur spécialité qui justifie la visite. On ira à la Viña pour sa tarta de queso, à Ganbara pour ses champignons, et la tortilla de Néstor explique la petite cohue à l’heure du service (13h et 19h pétantes). Passé le pont, le quartier de Gros est l’alternative. On y goûtera une exquise cuisine miniature et innovante à Matalauva, ou on y découvrira à Gatxupa le croisement des cuisines basques et mexicaines réalisée par Bruno Oteiza, chef basque passé par Mexico. La Bodega Donostiarra est le rendez-vous des familles avec une cuisine rassurante, diablement du pays et un service tardif. À l’autre bout de la cité, les txuletas de chez Aratz sont une référence, et on prendra de la hauteur à Zelai Txiki pour une cuisine authentiquement locale avec vue imprenable sur la Concha. On fera un crochet par le marché San Martin, où la pêche du jour et les produits locaux (boucherie, légumes) se disputent les deux étages. Les cidreries (sagardotegia) à l’extérieur de la ville offrent des menus complets, et celle d’Itxas-Buru à Hernani est le meilleur compromis trad/moderne. Signalons enfin la 25e édition du salon San Sebastiàn Gastronomika au Kursaal du 9 au 11 octobre, véritable panorama mondial de la cuisine contemporaine, ouvert au public.

ESCAPADE À GETARIA

Si Juan Sebastiàn Elcano a bien une exposition qui lui est consacrée au Museo Maritimo Vasco de Donostia (jusqu’au 31 décembre), celui qui fut le premier navigateur à faire le tour du monde (1519- 1522) est originaire de Getaria. Le marin basque est l’un des deux héros natifs de la ville. Il y possède 3 statues à son effigie. L’autre s’appelle Cristobal Balenciaga. Il y est né, et y a son musée depuis 2011. Située à une petite 1/2h de Donostia, le village médiéval de Getaria est une escapade futée et le berceau du vignoble de txakoli. D’ailleurs, on ne saurait faire honneur à la cuisine basque sans un verre de txakoli. L’un des meilleurs est produit par la Bodega Katxiña, sur la route, à Orio. La vigne y est cultivée en treilles, et la visite pourra s’accompagner d’un déjeuner. L’offre gastronomique de Getaria tourne naturellement autour de la pêche. L’odeur des parillas où grillent turbots et dorades emplit les rues pavées qui descendent vers le quai. Là, l’anchois (de Getaria) est invité permanent sur les tables du port, où les chalutiers débarquent le poisson qui sera conditionné ensuite dans les conserveries artisanales ouvertes à la visite. On remontera ensuite par la rue Sahatsaga jusqu’au Muséo Balenciaga. Un escalator en facilite l’accès. On peut y découvrir, jusqu’au 7 janvier 2024, l’histoire et une collection (90 pièces) de celui que l’on surnomma « le couturier des couturiers ». L’ exposition nommée « Balenciaga, Caractère » séduira l’amateur comme le profane.

cristobalbalenciaga.com