BORDEAUX SPIRITS
Si Bordeaux rayonne à travers le monde par son vignoble, elle distille depuis des lustres des vins pour en obtenir des alcools spiritueux. Et si les départements voisins sont réputés pour leurs cognac, leurs armagnac, leurs eaux-de-vie et autres liqueurs, un nouvel âge des boissons spiritueuses semble aujourd’hui s’épanouir en terres girondines. Tour d’horizon du Bordeaux Spirits !
Par José Ruiz
BORDEAUX TASTING
Voilà un panorama en plan large du vignoble, français surtout. Deux jours pour rencontrer les plus nobles des vins, grands crus du bordelais et vins d’ailleurs, et aller au devant des spiritueux. Bordeaux Tasting en permet la découverte par la dégustation, les ateliers, les initiations et les master classes. Nouveauté de cette 12e édition, trois lieux remarquables autour de la Place de la Bourse abriteront chacun un thème. Le Palais de la Bourse accueillera pour sa part 200 des plus renommés vignobles, dont bien sûr les grands crus de Bordeaux. En face, le Musée des Douanes devient le domaine des spiritueux. Une dizaine de maisons avec les prestigieux cognacs (Delamain, François Voyer) et armagnacs (Tariquet, Delord), et plusieurs étiquettes de whisky (Roborel de Climens), de vodka (Guillotine), de rhum (3 Rivières)… Espace ouvert l’après-midi samedi et dimanche.
Les spiritueux seront également en vedette sous forme de cocktails à déguster au restaurant étoilé voisin Le Gabriel. Une vingtaine de maisons de Champagne s’installeront au Palais de la Bourse. Bordeaux Tasting est là pour permettre au public d’amateurs une mise à jour de ses connaissances en vin, comme une simple initiation. Les master classes pour apprendre la dégustation, et la rencontre avec des personnalités du monde du vin seront des moments forts dans le cadre du nouveau Café Éphémère, aménagé dans le Palais de la Bourse.
Bordeaux Tasting
2 et 3 décembre 2023
Terredevins.com
MOON HARBOUR, LE SPIRITOURISME
Construit comme la base sous-marine voisine par les républicains espagnols prisonniers des nazis, le bunker qui abrite aujourd’hui la distillerie Moon Harbour fut inaugurée en 2017 lors de Vinexpo. Pièce imposante du patrimoine local, il abrite notamment une cuve longue de 50 mètres, conçue à l’origine pour stocker le gasoil des sous-marins. Transformée en chai, elle couve maintenant les alambics et les barriques issues de grands châteaux du bordelais. C’est là que vieillit le whisky. Au moins 2 ans… À visiter à tout prix !
WHISKY D’ARCHE,
L’ÉCOSSE EN FINISH SAUTERNES
Les gabares ont longtemps descendu la Garonne, le pont chargé de tonneaux de vin, puis bon vent vers l’Angleterre. On était friands outre Manche de ce clairet venu des vignobles bordelais. Comme inspiré par les échanges franco- britanniques de jadis, le Whisky d’Arche écrit un nouveau chapitre à cette histoire. À l’image de tant de grands scotchs, il naît au sud de l’Écosse, mais lui va terminer sa croissance en France. C’est là-bas, dans les Highlands, que le whisky est distillé et conservé 5 ans en fûts. Ensuite, direction les chais du château d’Arche, au pays du Sauternes, pour s’affiner dans le bois où a été élevé le célèbre vin liquoreux. Au repos pendant 18 mois dans les barriques du grand cru classé, le blended malt Whisky d’Arche étoffe sa palette aromatique. Il acquiert une douceur fruitée et des notes de miel et de malt que l’on ne retrouve dans aucun autre scotch. Conditionné dans des flacons en forme d’amphore, il fait comme un clin d’œil supplémentaire au passé…
NADÉ, LA VODKA RAFFINÉE
Les plus belles tables de la région, à Eugénie- les-Bains avec Michel Guérard, ou au Moulleau avec Stéphane Carrade, ont inscrit la vodka Nadé à leur carte. Et pas seulement sur la liste des cocktails. La voici dans les accords mets et… vins. C’est le raisin dont elle est issue qui permet de telles associations, et par conséquent la présence de la vodka Nadé sur la table pendant tout le repas.
Son créateur, Cédrik Nadé, propriétaire de vignes dans le fronsadais, en eut l’idée en 2018. La matière première, le raisin, est de qualité, on la retrouvera forcément au bout se dit-il. Et le défi est excitant : distiller du raisin bordelais pour en faire une vodka de gastronomie. Elle va alors retrouver une place de choix au côté du caviar ou du saumon fumé, mais les grands chefs l’ont également mariée à la viande maturée. Un vrai mariage d’amour ! Une cuvée spéciale vieillie en fûts de Saint-Émilion voit également le jour, avec une production de 400 flacons numérotés. La vodka blanche Nadé produit 3600 bouteilles
FINE D’ALIÉNOR,
L’EAU DE VIE BORDELAISE
Issus des mêmes cépages que le cognac, les flacons de Fine d’Aliénor sont les dignes rejetons de la Fine Bordeaux qui jouissait d’une belle réputation dès le 19e siècle. Elle est obtenue par distillation de vins blancs d’AOP Bordeaux produits en Haute Gironde dans les alambics des distilleries vinicoles du blayais. Elle vieillit en fût de chênes français. Une sélection des meilleurs vins donne la cuvée Napoléon 6 ans, et la Fine Hors d’âge est une fine d’exception issue des plus anciennes eaux-de-vie.
SORGIN, LE GIN D’EXCEPTION
C’est comme renouer avec l’histoire familiale, quand l’arrière-grand-père de François Lurton était bouilleur de cru à Branne. Le gin Sorgin reprend la narration là où Léonce, l’aïeul, l’avait laissée. Depuis, la famille Lurton a investi dans les vignes de l’Entre-Deux-Mers, faisant du Château Bonnet la plus grosse propriété de l’appellation. Le sauvignon est son fer de lance. Ce sauvignon blanc qui sera le lien du projet commun de Sabine et François Lurton dès 2017, quand ils décident de créer Sorgin, un gin à base de sauvignon blanc. L’idée est de prendre une base de vin, de le distiller pour en faire un brandy, et de l’associer à du distillat de sauvignon. On rajoutera des arômes naturels comme le citron, le citron vert, l’orange, le pamplemousse, la violette, le genièvre, le cassis… Sabine Lurton précise : « Dans le gin, c’est ce qu’on rajoute qui va faire le goût, prononcé ou pas. La différence entre le distillat de vin est nette. Celui de pomme de terre est sec. Dans le Sorgin, avec le distillat de raisin, tout est dans la rondeur. Le gros volume du distillat vient du groupe alcoolier de la famille Bernard, complété par celui des vignobles Lurton. » Le premier Sorgin qui vit le jour fut le blanc, puis le Yellow gin Sorgin rejoignit la gamme. Vieilli en fût de chêne, il prend des arômes complexes et les tanins des barriques où ont été élevés des vins de Pessac-Léognan ou des Graves. Une édition limitée de ce Yellow gin connaît un élevage supplémentaire en fûts de Maury pour encore plus de rondeur.