DESTINATION MÉDOC

Le terme « Médoc » désigne autant la presqu’île qui s’étend entre l’estuaire de la Gironde, l’océan à l’Ouest, et la limite nord ouest de la ville, que l’appellation contrôlée de son vignoble. Une région que l’on désigne par 3 couleurs. D’ouest en est, le Médoc bleu, de l’Océan jusqu’aux lacs, puis le Médoc vert, celui de la forêt, et le Médoc rouge du vignoble.

Par José Ruiz

LA D2, ROUTE DES CHÂTEAUX

C’est comme un parcours fléché. Ou mieux : un itinéraire hautement conseillé. On sortira de Bordeaux par le nord, au Pian Médoc, et à nous la D2 à travers le Parc Naturel Régional du Médoc. 80 km pour embrasser un territoire qui abrite les 8 appellations du Médoc, en commençant par le Haut Médoc, à Macau. Le printemps est la bonne saison pour pousser sur la petite route qui file tout droit jusqu’à la rivière. Avec la terrasse de l’historique guinguette, c’est l’étape rituelle des apéros crevettes-bigorneaux face à la Garonne. De Macau, direction Labarde, et l’ancienne gare transformée en restaurant, puis l’entrée en appellation Margaux. Les noms défilent: Bellevue, Siran, Dauzac,.. des châteaux à la configuration commune avec la maison de maître, inhabitée mais vitrine d’apparat, flanquée du cuvier et du chai à barriques. À la sortie de Macau, la monumentale grille de Giscours, sur la gauche, laisse voir des vignes jusqu’à l’horizon. Une cigogne traverse l’air. La jalle de la Laurina est la limite avec la commune de Margaux-Cantenac, et encore d’autres noms, Prieuré- Lichine, Marquis de Terme, Palmer, des châteaux qui se disputent les regards avec leur architecture post-Renaissance. Une improbable mini Tour Eiffel dans le virage de Margaux, on approche de Tayac, puis Arcins et Lamarque, avec son château (XIe et XIIe). Le port assure la liaison Lamarque-Blaye et la citadelle de Vauban. Vauban qui souhaita se protéger des attaques nordiques arrivant par l’estuaire : la citadelle de Blaye, le Fort Paté sur l’île du même nom et le Fort Cussac, classé au Patrimoine de l’UNESCO constituent le verrou défensif de la Gironde. Et une visite instructive. Plus loin, ce sera Beychevelle, l’éclat du château, et le port miniature qui appelle le pique-nique. Passée une croupe, voici les abords de Pauillac, et le village de Bages, reconstitué comme un hameau de jadis, avec le café Lavinal et la boulangerie. Pauillac, les quais, le port et ses promesses de voyages, puis plus loin, il y aura Saint-Estèphe et ses châteaux…
On n’aura pas quitté la D2.

COS D’ESTOURNEL

Les éléphants qui guident le visiteur du château Cos d’Estournel vers la salle de dégustation ne sont pas roses. Pas plus que cette architecture de pagodes au cœur du Médoc n’est une hallucination. C’est bien l’esprit habité de rêves d’Orient de Louis Gaspard d’Estournel qui ordonna la construction de cette extravagant ensemble qui lui valut le surnom de « Maharadjah de Saint-Estèphe. » Stendhal dira de Cos d’Estournel : « cela est fort gai et serait plutôt dans le genre chinois. » On parlera aussi d’exotisme échevelé. Bois sculptés d’Afrique, bustes d’éléphants, lotus gravés, licornes, lions, une douce folie tropicale émane de ces vastes salles à la lumière tamisée imaginées par le décorateur Jacques Garcia. Dans l’intimité de la bibliothèque, face à la porte du sultanat de Zanzibar, de celle, gigantesque, qui ouvre sur le chai de verre ou sous le spectaculaire plafond de bois du cuvier, c’est la passion du vin qui a guidé la main de Jean-Michel Wilmotte, l’architecte qui a travaillé sur les consignes de Michel Reybier, le maître des lieux.

Château Cos d’Estournel

UNI-MÉDOC

Le vignoble bordelais ne serait rien sans ses coopératives. Celle d’Uni-Médoc regroupe 140 viticulteurs qui cultivent 1100 ha sur l’appellation Médoc. C’est l’appellation la plus au nord de la presqu’île. Engagée dans le respect de l’environnement, de la biodiversité, mais aussi dans la valorisation du patrimoine, la cave est un lieu de ressources pour les visiteurs. Ses partenariats avec le phare de Richard ou l’abbaye de Vertheuil montrent combien patrimoine et vigne sont à parts égales constitutifs du Médoc.

Les Vignerons d’Uni – Médoc
14 route de Soulac, Gaillan en Médoc

AGASSAC

Agassac est l’un des châteaux du Médoc les plus proches de Bordeaux. Construit au XIe siècle, et se dressant au cœur d’un parc majestueusement arboré, les murs les plus anciens remontent au XIVe siècle. Inscrit dans la liste des Monuments Historiques, il doit cependant son aspect Renaissance aux modifications ultérieures qui transformèrent ce château de défense en demeure d’agrément, avec les tours d’angle de style néogothique. Elles ne furent construites qu’au XIXe siècle.

Château d’Agassac
15, rue du Château d’Agassac, Ludon-Médoc

MARGAUX

Le nom du château se confond avec celui de son village. C’est aussi le seul cru classé portant le nom de son appellation. Margaux. Un château construit en 1815 par l’auteur de l’Hôtel de ville et du Grand Hôtel de Bordeaux, l’architecte bordelais Louis Combes, pour le compte de son propriétaire, le marquis de la Colonilla. Devenu monument historique, celui que l’on surnomme le « Versailles du Médoc » s’offre aux yeux au bout d’une allée bordée de platanes centenaires. Façade néo- classique, la vingtaine de marches d’un large escalier mène à un péristyle de colonnes ioniques conférant à l’édifice la majesté d’un temple, temple du vin s’il en fût ! Le plus célèbre château du Médoc est aussi l’un des plus visités, plus de 10000 visiteurs chaque année. L’ouverture à l’ oenotourisme et l’évolution des techniques ont apporté leurs lots de modifications nécessaires, avec notamment la création du Pavillon Blanc. C’est l’architecte nord-américain Norman Foster qui a été choisi pour mettre en cohérence des architectures éloignées par deux siècles d’histoire. Et c’est une réussite absolue.

Château Margaux

PICHON LONGUEVILLE BARON ET COMTESSE

Pichon Longueville est double : Pichon Baron et Pichon Comtesse, résultat de la succession qui attribua Pichon Baron au baron Raoul Pichon, et Pichon Comtesse à Virginie, sa sœur. Elle fit construire en 1840 son château sur le modèle de l’hôtel de Lalande, le Musée des Arts décoratifs et du design actuel à Bordeaux. Lui faisant face de l’autre côté de la route, Pichon Baron est un château de conte de fées construit en 1852.
Sa façade aux 30 fenêtres flanquée de tours d’angle se reflète sur le bassin en contrebas, dans un plan très hollywoodien.

Pichon Longueville Baron et Comtesse

L’HÔTEL DES VIGNES
ET DES ANGES

Avec 18 grands crus classés sur le territoire de la commune, Pauillac possède un atout touristique de taille. Attractivité renforcée par des manifestations comme le Marathon du Médoc, ou le festival « Les Vendanges du 7e art ». En avril, les croisières vers Bordeaux y feront escale. Pour toutes ces raisons, et d’abord un gros coup de cœur pour cette région au riche patrimoine (le vignoble, le phare de Cordouan…), Catherine Parinaud a décidé de rénover un hôtel vieillissant et en faire une maison prestigieuse, l’Hôtel des Vignes et des Anges, sous l’enseigne Best Western. Classé 4 étoiles, l’établissement a été entièrement restauré pour ouvrir en juillet 2023 avec 44 chambres allant de 16m2 à 60 m2, pour les 4 suites. Une terrasse végétalisée, des terrasses privatives, 2 jardins, une piscine en pierre de Bali chauffée, un solarium, une salle fitness, l’hôtel dispose également d’un bar à vins, et d’un restaurant dont la carte est signée Yoann Gérard-Huet, repéré à l’Entre deux verres à Quinsac. Agneau, truffe, escargots, esturgeon sont les invités locaux réguliers des menus.

Hôtel des Vignes et des Rêves
3 quai Albert Pichon, 33250 Pauillac